Les paradoxes au sein de l'action éducative
Notre action nous amène à aborder la personne
déficiente intellectuelle sous deux angles qui sont antinomiques à mon sens.
En effet, nous nous efforçons d’accompagner la personne dans un souci de
bien-être et d’autonomie, mais parallèlement à cela nous devons maintenir la
personne dans une dynamique de socialisation dans laquelle celle-ci doit
correspondre à l’habitus actuel.
C’est une mission aussi paradoxale de l’éducateur et
que Foucart explique par le concept de double contrainte :
« le « handicapé » n’est intégré que
lorsque son handicap est gommé. Et pourtant, la marque, le suit, comme elle lui
a été imposée. Il pèse donc sur lui une double contrainte : il est
désigné, montré du doigt, et il doit se comporter comme si de rien
n’était ».
« La pratique de l’éducateur est profondément
paradoxale. En effet, il est mandaté à la fois pour établir une relation et
pour distribuer les sanctions, ce qui le situe à la fois dans une position
inconfortable, entre le dialogue et la violence physique ou symbolique. Il est
constamment amené à se rapprocher et en même temps à s’éloigner de ceux qu’il
prétend aider. »
Cet autre
paradoxe, qui à l’heure actuelle me pose encore question, est que nous devons
développer l’autonomie de personne pour lesquelles nous administrons des
sanctions synonymes d’un manque de liberté, donc d’autonomie.
Être adulte c’est assumer ses actes et ses choix, ce
qui signifie que la sanction infantilise les personnes.
Notre rôle est-il d’être agents ou
accompagnateurs ?
Le rôle d’agent me semble être en désaccord avec le
concept de non-directivité, il est même en opposition complète avec l’image de
l’adulte.
Autre paradoxe du métier d’éducateur c’est la
finalité de notre action éducative.
Si cette démarche réflexive n’est pas aisée, c’est
aussi car nous évoluons parfois dans un flou et dans un contexte peut
sécurisant pour le professionnel, puisque imprévisible.
Foucart, Educateur une profession en quête d’identité, Editions
CIACO, 1991, p 122