Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un stakhanoviste au repos
10 avril 2006

Les paradoxes au sein de l'action éducative

 

Notre action nous amène à aborder la personne déficiente intellectuelle sous deux angles qui sont antinomiques à mon sens.
En effet, nous nous efforçons d’accompagner la personne dans un souci de bien-être et d’autonomie, mais parallèlement à cela nous devons maintenir la personne dans une dynamique de socialisation dans laquelle celle-ci doit correspondre à l’habitus actuel.

De plus, nous tentons de faire  notre possible pour permettre l’épanouissement de la personne. La notion d’épanouissement sous-tendant, pour moi, d’être capable d’exprimer ses potentialités. Or l’éducateur doit essayer de socialiser la personne. Pour qu’on puisse intégrer les personnes déficientes intellectuelles, il faudrait qu’elles soient socialisables et donc qu’elles rentrent dans la norme. Comment entrer dans la norme en étant stigmatisé et de surcroît en exprimant ses potentialités ?

C’est une mission aussi paradoxale de l’éducateur et que Foucart explique par le concept de double contrainte : 

« le « handicapé » n’est intégré que lorsque son handicap est gommé. Et pourtant, la marque, le suit, comme elle lui a été imposée. Il pèse donc sur lui une double contrainte : il est désigné, montré du doigt, et il doit se comporter comme si de rien n’était ».

Un autre paradoxe qu’exprime Foucart et qui malheureusement est applicable à la population que nous accueillons, bien qu’elle soit adulte, est celui-ci : 

« La pratique de l’éducateur est profondément paradoxale. En effet, il est mandaté à la fois pour établir une relation et pour distribuer les sanctions, ce qui le situe à la fois dans une position inconfortable, entre le dialogue et la violence physique ou symbolique. Il est constamment amené à se rapprocher et en même temps à s’éloigner de ceux qu’il prétend aider. »  

Ce paradoxe me parle particulièrement car étant dans un service qui accueille des adultes, je me trouve dans la situation où je dois sanctionner des personnes, ce qui me renvoie vers un autre paradoxe.                             
Cet autre paradoxe, qui à l’heure actuelle me pose encore question, est que nous devons développer l’autonomie de personne pour lesquelles nous administrons des sanctions synonymes d’un manque de liberté, donc d’autonomie.

Être adulte c’est assumer ses actes et ses choix, ce qui signifie que la sanction infantilise les personnes.

Notre rôle est-il d’être  agents ou accompagnateurs ?

Le rôle d’agent me semble être en désaccord avec le concept de non-directivité, il est même en opposition complète avec l’image de l’adulte.

Autre paradoxe du métier d’éducateur c’est la finalité de notre action éducative.

 En effet, notre rôle veut que nous donnions le plus d’autonomie à la personne déficiente adulte, ce qui revient à dire que nous essayons de nous rendre inutile. Dire que l’éducateur est un service nuance notre pouvoir de décision et renvoie l’éducateur vers une remise en question qui n’est pas toujours très évidente à faire.

Si cette démarche réflexive n’est pas aisée, c’est aussi car nous évoluons parfois dans un flou et dans un contexte peut sécurisant pour le professionnel, puisque imprévisible.

 
Foucart, Educateur une profession en quête d’identité, Editions CIACO, 1991, p 122

Publicité
Commentaires
Un stakhanoviste au repos
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité