La surimplication émotive
La surimplication émotive est inhérente au métier d’éducateur.En effet, la relation d’aide que nous avons avec les
bénéficiaires nous impose parfois une grande implication au niveau affective.
Le cadre affectif nous oblige souvent à marcher sur un fil
avec nos émotions.
Chaque interaction avec les usagers apporte son lot
d’incertitudes qui peuvent à tout moment nous investir émotionnellement en
pénétrant le vécu personnel et effriter le mûr qu’érige le professionnel afin
de préserver son intimité.
Les causes de
la surimplication émotive.
La difficulté d’accepter ses limites
personnelles :
Il n’est pas toujours de bon ton d’afficher ses limites si le
climat institutionnel ne permet pas de pouvoir s’exprimer librement. Il arrive
parfois que nous nous sentions jugé dans nos faiblesses plutôt qu’encourager.
Se réconcilier avec ses limites personnelles sous-entend que nous sommes
humains et non divins.
Une caractéristique commune à l’homme est qu’il est
perfectible et donc il ne peut se targuer de ne pas commettre d’erreur et de
posséder la science infuse surtout en terme d’émotion.
Notre capacité empathique nous porte à endiguer les
souffrances de l’aidé et a déformé la réalité pour l’autre.
La souffrance est omniprésente dans nos institutions, notre
rôle n’est pas de combattre sa souffrance mais de l’aider et lui donner le plus
d’arme pour qu’il puisse lui-même l’annihiler.
Ce n’est pas en affrontant la souffrance de l’autre que l’on
détruit la sienne.
La difficulté d’accepter sa solitude :
Nous sommes les seuls responsables de notre vie, ce qui
signifie que l’aidé aussi est responsable de la sienne. Nous ne pouvons pas
indéfiniment le prendre en charge et choisir à sa place, il faut qu’à tous
moments nous puissions prendre du recul et le laisser assumer ses actes et ses
choix, même si ils sont en oppositions avec notre approche.
Notre travail d’accompagnement consiste à être présent pour
l’autre, mais pas à agir pour lui, nous sommes garant de son bien-être, mais
notre rôle s’arrête à la volonté de l’autre.
Il y a résonance entre notre vécu et celui de la personne que
nous aidons. Nous sommes toujours amené à faire des analogies entre ce que vit
l’autre et notre passé émotionnel.
C’est pourquoi chacun réagit en fonction de son passé.
Ce passé synonyme d’expérience peut nous freiner dans notre
travail et interférer avec notre approche vis-à-vis de la personne aidée.
Des sentiments de culpabilité ou l’expression de nos manques
peuvent alors resurgir à la surface.
La difficulté de dire non.
Il est déjà difficile de maîtriser la dépendance que notre
seule présence induit.
Au vue des origines de la surimplication émotive, il est
préférable pour l’éducateur de rester dans un cadre dans lequel il se sentira
le plus à même de canaliser ses émotions.
L’éducateur ne doit pas pour autant être un robot, mais il
peut poser des balises évitant ainsi de s’impliquer dans la relation à l’autre
plus que de raison.
Les conséquences de la surimplication émotionnelle se retrouve
aussi négative dans l’environnement dans lequel la personne évolue.
Elles peuvent engendrer des situations de compétitions avec
les divers partenaires (collègues, famille…).
Il est impossible pour l’éducateur de choisir celui avec
lequel il va entrer dans une relation d’aide car choisir c’est en partie
renoncer.
Le rôle de l’éducateur est justement de ne pas renoncer et de
tout mettre en œuvre pour être le plus ouvert possible et ce, à tout niveau.
[1] Jean-Luc Hétu, « la relation d’aide », P 4