Etant
moi-même le fruit d’un métissage des
cultures, j’ai pensé qu’il serait intéressant de partager une réflexion plus
intérieure.
En effet, si je
regarde mes origines, je suis né d’un père kabyle et d’une mère franco-belge
qui est elle-même né d’un père allemand et d’une mère belge.
Je ne pense
pourtant pas faire office d’exception car le brassage des cultures et bel et
bien présent dans nos sociétés.
Cette réalité
n’engendre malheureusement pas que des aspects positifs.
Il est vrai qu’on
pourrait croire que la différence est synonyme de richesse mais parfois elle
est synonyme de peur, de rejet.
Qu’en est-il de
notre société actuelle ? Quelle est la place des immigrés dans notre
société ? Le lien social existentiel malgré notre différence de
culture ?
Toutes ces
questions pourraient se résumer en un seul sujet : Immigration=
intégration ou assimilation ?
L’intégration
suppose que l’intégré accepte les règles de son nouveau groupe en même temps
que le groupe le reconnaît comme un pair.
Mais dans cette
dernière où est la place pour la culture de l’autre ?
Cette définition
sous-entendant que si l’individu se fond aux groupes il devient un membre de ce
groupe.
Mais avant d’aller
plus en avant sur le phénomène d’intégration, je pense qu’il faut d’abord
expliquer ce qu’est l’acculturation.
En effet, il
s’agit de l’ensemble de phénomènes qui résultent du contact direct et continu
entre groupes de cultures différentes.
De façon
simpliste, on peut dire qu’il s’agit d’un phénomène identitaire de différence
et de ressemblance. On sous-entend aussi par ce terme les notions d’identité
culturelle, de création de soi, d’importance des racines ainsi que
d’identification à une autre culture.
Mais qu’en est-il
dans la pratique ? Comment peut-on intégrer quelqu’un sans intégrer ses
valeurs ?
Il semblerait que
la conjoncture influe beaucoup sur ce phénomène d’intégration.
En effet, certains
événements sont venus raviver les esprits concernant l’intégration dans le
paysage européen.
Il est vrai que le
11 septembre a mis le feu aux poudres. Ajouter à cela le conflit
israélo-palestinien ainsi qu’une dose d’attentats et des banlieues où règne
l’insécurité est voilà de quoi remettre en question l’intégration des
populations étrangères.
Cette vision est
assez simplistes mais est tout de même servie sur un plateau pour les journaux.
En effet, la
conscientisation de l’importance se fait au prorata des images diffusées.
Pourquoi voit-on pendant des semaines les tours du World Trade Center alors
qu’on a peu vu d’images voire aucune sur les enfants du Tiers-Monde qui meurent
chaque jour du fait de sous-nutrition ou par manque de médication, ou des
familles d’Afrique du Sud décimer par le SIDA.
Mais revenons sur
le sol belge, où le débat confus et passionnel qui a enflammé il y a de çà
quelques temps la scène politique sur le thème de l’intégration. En effet
depuis le premier rapport du Commissariat royal à la politique des immigrés en
1989, on n’a jamais cessé de discuter des modèles qui devaient servir à
« l’intégration » des étrangers.
On parle plus d’insertion
car selon eux : « le terme d’intégration est trop souvent
compris comme un processus d’adaptation d’une minorité é aux valeurs et
aux modes de vie d’un groupe autochtone majoritaire, autrement dit je deviens
invisible ». Aussi le Commissariat plaide-t-il pour la promotion de
l’insertion, dans la perspective des principes qui sont au fondement de la
culture du pays d’accueil, la Belgique en l'occurence
On comprend donc
mieux pourquoi cette question de savoir s’il s’agit ici d’intégration ou d’assimilation
est si difficile à répondre car la définition est déjà en elle-même assez
confuse.
On peut donc dire
qu’en adaptant le terme d’intégration en insertion, on respect plus l’autre
dans sa différence et dans sa culture.
L’intégration ou
insertion peut importe le terme utilisé, il convient d’accorder plus
d’importance à son sens, ne sont que des termes et qu’en est-il dans les faits
réels. N’assiste-t’on pas davantage à un phénomène d’assimilation ?
L’assimilation que
l’on définit comme étant la disparition de la culture d’un groupe qui accepte
intégralement la culture de l’autre comme le montre l’exemple des populations
migrantes après plusieurs générations.
On lisant la
définition, chacun est en droit de voir cela comme étant quelque chose d’assez important
voire violent, dans le sens on la disparition est brutale.
Mais la
stigmatisation peut s’avérer être longue et douloureuse.
En effet regardons
autours de nous, dans certaines villes on vous dira que les étrangers sont bien
intégrés, discrets, respectueux de la culture belge.
Alors que dans
certains quartiers, les gens se sentent en état d’insécurité avec les jeunes
étrangers.
On est en droit de
croire que les premiers sont intégrés pas les autres.
Hors il appert
souvent qu’ils sont tous deux dans la même situation : ils sont assimilés.
Les premiers sont
dits intégrer car ils sont comme les indigènes, ne se font pas remarquer par la
communauté car ils ont adoptés les mêmes normes, valeurs afin de ne pas trop
souffrir de l’exclusion.
Les seconds eux sont
aussi assimilés mais sans repères ni dans la société ni au sein de leur famille
ils ont des comportements dits déviants.
Pourtant on
parlera d’intégration pour les premiers.
La perte des
valeurs, des traditions devient de plus en plus une voie de passage obligatoire
pour se rendre sur le chemin de l’intégration.
Il faut être comme
tout le monde car la différence est source d’insécurité alors qu’elle pourrait
tout aussi bien être source de richesse.
Cette différence
ne sera reconnue dans sa fonction de lien social seulement lorsqu’on arrêtera
de faire de l’ethnocentrisme, c’est-à-dire en ne jugeant plus une autre culture
en fonction de ses propres normes et valeurs voire à estimer cette culture
inférieure ou méprisable.
Alors que nous avons tous une identité propre, la rencontre des cultures
engendre encore des situations contrastées qui vont de l’assimilation, à la
contre acculturation (rejet de l’autre et réaffirmation de sa culture
d’origine. L’adaptation, la réinterprétation, le syncrétisme (mélange ou
métissage des traits culturels), mais aussi la déculturation (perte de repères
culturels) sont les mécanismes les plus souvent observés. Mais est-ce la bonne
réponse à l’équation entre les cultures ?
Je
pense qu’il faut que notre différence s’affirme par rapport aux autres. Car
c’est grâce aussi aux contacts qui s’opèrent entre les communautés et les
peuples qu’un enrichissement culturel naît et évolue. Nous sommes tous égaux et
chacun a une identité particulière. C’est cette diversification qui fait le
charme des cultures. Enfin, si certains groupes sont considérés comme
minoritaire, de part leur mentalité, leur physionomie... je dirais tout
simplement qu’apprendre et apprécier ces différences est un enrichissement
intellectuel et humain. De plus travaillant avec des personnes déficientes
intellectuelles, je retrouve ce même enrichissement né lui aussi de la
différence. Chacun en soi à quelque chose à apporter à l’autre, il suffit juste
de prendre le temps de le trouver.
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